Préparer l'Airbus A400M pour demain

Face à des missions toujours plus exigeantes, les capacités de l'A400M ne cessent de s'accroître. Quelles sont les considérations actuelles pour le développement à long terme de l'avion?

Quel que soit le degré d'avancement d'un programme d'avion, il doit évoluer pour rester dans la course. Cela s'applique également à l'A400M. Avion hautement performant et polyvalent, il doit fonctionner efficacement dans les scénarios les plus exigeants, aujourd'hui comme demain. C'est pourquoi Airbus Defence and Space, en collaboration avec ses partenaires et fournisseurs, s'engage dans le développement continu de l'A400M. Quels sont les principaux sujets actuellement à l'ordre du jour ?

Connecter aujourd'hui et demain 

Une communication efficace est un élément essentiel des opérations militaires, mais elle connaît également une transformation radicale. La connectivité est primordiale et les données jouent un rôle de plus en plus important. Le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF) reliera diverses plateformes à partir de 2040, ce qui permettra l'échange transparent d'informations essentielles pour les missions.

Au cœur du SCAF se trouve le Combat Cloud. C'est là que les données critiques sont rassemblées, analysées et diffusées. Tout cela nécessite un échange de données rapide. Sans cela, il serait impossible de répondre rapidement et efficacement à des situations complexes.

Dans le contexte de la connectivité, l'A400M pourrait agir comme un hub de communication, distribuant des informations à d'autres systèmes aériens et terrestres. En tant qu'avion militaire avec certification civile, l'A400M est équipé de systèmes radio cryptés et des outils de communication pour les avions commerciaux. Tous ces éléments entrent dans la catégorie des communications à bande étroite, qui fonctionnent à de faibles débits de données car elles sont principalement conçues pour transmettre la voix et des données de base.

À l'avenir, l'A400M devra passer à la bande large pour exploiter des débits de données plus élevés. Une connexion satellite à large bande permettrait alors à l'avion d'envoyer et de recevoir de grandes quantités de données depuis n'importe où dans le monde. En cas de perturbation des communications satellitaires, un système à visibilité directe faciliterait la communication le long d'une ligne de visée directe avec d'autres plateformes en vol ou au sol.

Grâce à une bande passante plus élevée, on pourrait envisager que l'A400M transmette des flux vidéo en direct depuis les missions vers le cloud, offrant ainsi un support visuel pour les décisions critiques de la mission. L'analyse des données collectées à partir de différentes plateformes pourrait, à son tour, permettre des décisions tactiques presque en temps réel.

Le SCAF comprendra des systèmes pilotés et non pilotés en communication constante les uns avec les autres.

Un avion-mère pour les drones

Les systèmes aériens non habités sont déjà une composante centrale des opérations militaires. Ils ne feront que gagner en importance à l'avenir, contribuant au succès des missions en étroite collaboration avec les pilotes.

En tant qu'avion de transport, l'A400M pourrait jouer un rôle central, en rapprochant le plus possible les drones d’appui, appelées Remote Carriers, du théâtre des opérations et en les commandant si nécessaire. Grâce à sa charge utile et à son rayon d'action importants, l'A400M pourrait déployer jusqu'à 50 petits ou 12 drones d’appui (Remote Carriers).

L'intégration transparente des systèmes pilotés et non pilotés est un élément clé du SCAF. Cependant, l'A400M pourrait jouer le rôle de avion-mère pour drones encore plus tôt. Des essais sont déjà en cours : fin 2022, Airbus Defence and Space, en collaboration avec divers partenaires, a lancé un démonstrateur de vol de drone d’appui à partir d’un A400M.

L'A400M comme vaisseau-mère pour les drones : Cette capacité a été testée avec succès fin 2022.

Prêt pour le combat électronique

La guerre électronique est devenue une pierre angulaire de la stratégie de défense moderne. Elle implique d’une part des systèmes sophistiqués d'autoprotection pour les plateformes déployées, et d'autre part, l’utilisation de capacités de brouillage actif pour neutraliser les défenses aériennes ou les drones ennemis. L'A400M est déjà équipé d'un grand nombre de mécanismes d'autodéfense de pointe. Et il va devenir encore plus sûr : Airbus équipera 23 A400M de l'armée de l'air allemande de système de protection DIRCM les protégeant contre les missiles guidés par infrarouge.

En matière de brouillage actif, l'A400M pourrait également être utilisé comme plateforme de brouillage à distance, opérant en dehors de l'espace aérien contesté et capable de neutraliser les systèmes ennemis à une distance sûre. L'A400M serait particulièrement adapté à ce rôle critique pour plusieurs raisons :

• Structure adaptée : Pour remplir le rôle de brouilleur à distance, l'avion doit être équipé d'un grand nombre d'antennes. L'A400M offre suffisamment d'espace pour les accueillir toutes.
• Alimentation électrique suffisante : Les quatre moteurs et générateurs de l'A400M fournissent une puissance électrique suffisante.
• Polyvalence : Le rôle de brouilleur à distance s'intègre parfaitement dans le profil opérationnel de l'A400M, complétant ses autres capacités essentielles, telles que le transport aérien, le ravitaillement en vol et l'évacuation médicale.
• Capacité de ravitaillement : La capacité de l'avion à être ravitaillé en vol le rend idéal pour les missions de brouillage prolongées.

Bien que l'A400M intègre déjà un certain nombre de contre-mesures, notamment des leurres et des fusées éclairantes, celles-ci seront renforcées par l'ajout de systèmes de protection DIRCM, qui protégeront l'avion contre les missiles à guidage infrarouge.

Combattre les flammes

Les feux de forêt constituent une menace mondiale sérieuse, qui dévastent les écosystèmes et mettent des vies en danger. Des solutions avancées de lutte contre les incendies sont nécessaires, et l'A400M est à la hauteur du défi.

Airbus développe un kit de lutte contre les incendies roll-on/roll-off pour l'A400M qui ne nécessite aucune modification de l'avion. Cela signifie que tout A400M d'une flotte peut être rapidement converti en avion de lutte contre les incendies. Ce kit permet à l'avion de larguer 20 000 litres d'eau ou de retardant en une seule fois, créant ainsi des lignes de forte concentration allant jusqu’à 400 mètres de long. Combinée à sa capacité d'opérer à partir de pistes courtes et non pavées, cette capacité pourrait transformer la façon dont les incendies sont combattus dans les zones reculées ou difficiles d'accès.

Le kit de lutte contre les incendies est actuellement en phase de prototypage. Il a déjà été testé en Espagne.

L'A400M en tant qu'avion de lutte contre les incendies - cette capacité est actuellement testée.

Cap sur l'avenir

Le développement continu de l'A400M bat son plein. Fin 2024, l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR) - une organisation internationale qui gère le programme A400M au nom des nations clientes de lancement - a conclu un accord avec Airbus sur le du Block Upgrade 0. Cette mise à niveau comprendra l’amélioration d'éléments clés des systèmes de l'A400M, notamment des améliorations des informations tactiques et la mise en œuvre d'un système d'atterrissage par satellite. Elle permettra également à la flotte d'A400M de se conformer pleinement aux dernières exigences de l'OTAN. 

L'A400M possède déjà aujourd'hui de nombreuses capacités clés qui en font un outil indispensable dans les opérations. Un flux continu d'améliorations ciblées lui permettra de rester à la pointe de la technologie à l'avenir également.